Ai
toujours eu une relation compliquée avec ce père lointain, absent et que
j’essayais de trouver dans le regard de chaque homme respectable qui croisait
mon chemin. Sauf qu’en dépit des apparences, on n’est jamais aussi respectable
qu’on le prétend. Souvent, tout s’achevait par le rire dubitatif de mes
cousins ; parfois, par le meurtre sanglant d’une épouse en prélude au
suicide du père spirituel. Récemment, tu es revenu, porteur d’un message sur
une maladie contractée pendant l’enfance, mais je n’ai pas compris. Le langage des
suicidés est ardu et métaphorique. Agathe m’a aidé à comprendre, ou du moins a
essayé, en débitant mots sur mots jusqu’à sortir du cadre du rêve. Au final, on
ne peut que s’inventer un père. C’est ce que font continuellement les
humains : se définir un père, souterrain, terrestre, divin. Et dans cette
quête, on comprend que la vraie question n’est peut-être pas celle du père
qu’on n’a pas eu, mais plutôt de celui que nous serons éventuellement.
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