samedi 9 juillet 2016

Inachevé 014: Deuxième Ascèse

Je me nourris de haine, parce que d'où je viens aimer n'est qu'un prétexte à la procréation.

D’où je viens, on commence par labourer la terre, semer la graine, nager et déféquer dans le fleuve. On vit d’abord et on choisit la vie ensuite, par défaut, comme si la direction à suivre allait se dessiner elle même au fil du temps, comme si les mots allaient venir des quatre coins de l'esprit pour former le discours.

Le disparate a toujours été cet état initial, intermédiaire et final, colonne vertébrale d'un cycle où seul le vieillard sait ce qu'il avait à faire de sa vie; seul le mourant sait le métier de vivre, devenir ceci ou cela, ou bien peu de choses.

D'où je viens, on ne choisit pas un travail ni la souffrance qui va avec; ça nous tombe dessus, écrasant tout, ne laissant qu'une petite ouverture à la joie ascétique.